Risques psychosociaux au travail et effets sur la santé des salariés

Dans un contexte professionnel en constante évolution, la santé mentale et physique des collaborateurs est mise à l’épreuve. Les risques psychosociaux (RPS) constituent aujourd’hui un enjeu majeur pour les entreprises et les agences d’emploi : ils affectent la performance, la rétention des talents et la réputation. Cet article détaille les liens scientifiquement établis entre exposés psychosociaux et troubles de santé, tout en proposant des leviers de prévention adaptés.

Que sont  les risques psychosociaux (RPS) ?

Les RPS regroupent l’ensemble des facteurs de tension ou de mal-être au travail résultant de l’organisation, des relations professionnelles et des exigences émotionnelles. Ils se distinguent des risques dits “classiques” (physiques, chimiques, biologiques) par leur nature subjective : c’est la perception de la situation par le salarié qui déclenche l’effet néfaste.

  • Origines organisationnelles : surcharge, horaires décalés, absence de clarté des missions.
  • Relations interpersonnelles : conflits, harcèlement, isolement.
  • Exigences émotionnelles : gestion du public, situations conflictuelles, forte charge émotionnelle.

Ces facteurs, isolés ou combinés, peuvent déclencher des réactions de stress chronique, d’anxiété, ou de désengagement professionnel.

Les six familles de facteurs RPS (Gollac & Bodier)

Pour structurer l’analyse des RPS, Gollac et Bodier ont défini six familles de facteurs :

  1. Intensité et temps de travail
    • Durée excessive (> 48 h/semaine)
    • Pression des délais
  2. Exigences émotionnelles
    • Relation client difficile
    • Gestion des émotions négatives
  3. Manque d’autonomie
    • Faible latitude décisionnelle
    • Processus rigides
  4. Rapports sociaux au travail dégradés
    • Manque de soutien
    • Conflits non résolus
  5. Conflits de valeurs
    • Missions incompatibles avec l’éthique personnelle
    • Objectifs contradictoires
  6. Insécurité de la situation de travail
    • Instabilité contractuelle
    • Menace de restructuration

Cette typologie permet d’identifier précisément les sources de mal-être, d’orienter les enquêtes internes et de hiérarchiser les actions de prévention.

Effets avérés des RPS sur la santé des salariés

1. Maladies cardiovasculaires

Plusieurs méta-analyses confirment un surcroît de risque de maladies cardiovasculaires chez les salariés exposés à un temps de travail prolongé :

  • ≥ 48 h/semaine : + 20 % d’AVC et d’infarctus du myocarde.
  • Job strain (fortes exigences + manque d’autonomie) : + 15 % de risque cardiovasculaire.

2. Syndrome métabolique

L’hypertension, l’obésité et le diabète de type 2 sont plus fréquents en cas de stress professionnel chronique, via :

  • Dérèglement hormonal (cortisol élevé)
  • Mauvaises habitudes de vie (sédentarité, alimentation déséquilibrée)

3. Troubles musculosquelettiques (TMS)

Le manque de soutien social et la pression temporelle augmentent de + 40 % la probabilité de lombalgies et de troubles cervicaux. L’association stress-mauvaise posture favorise également les TMS des membres supérieurs (épaules, poignets).

4. Santé mentale

Les liens entre RPS et troubles psychiques sont parmi les plus solides :

  • Burn‑out : salariés à forte demande psychologique × 2 de risque.
  • Dépression majeure : exposition prolongée au conflit de valeurs : + 30 % de cas.
  • Troubles du sommeil : insomnie, qualité de repos altérée.
  • Consommation de psychotropes : auto‑médication croissante.

5. Comportements à risque pour la santé

Le stress chronique favorise :

  • Inactivité physique (fatigue, manque de temps).
  • Consommation d’alcool comme stratégie de « décompression ».

Ces comportements augmentent à leur tour les risques cardiovasculaires et métaboliques, créant un cercle vicieux.

6. Accidents du travail et issues de grossesse

  • Accidents : la fatigue, la distraction liée au stress accroissent les erreurs et accidents de + 15 %.
  • Grossesse : exposition aux RPS sans aménagement fait naître davantage de complications obstétricales (prématurité, hypertension gravidique).

Quantification des excès de risque

Les travaux de l’INRS, basés sur plus de 800 études internationales, mettent en lumière des excès de risque significatifs selon les catégories d’exposition :

Facteur RPSExcès de risque
Temps de travail > 48 h+ 20 % AVC/infarctus
Forte demande psychologique× 2 risque de burn‑out
Manque de soutien social+ 40 % lombalgies
Job strain (efforts/récompenses déséquilibrés)+ 15 % maladies cardiovasculaires

Ces chiffres soulignent l’importance d’agir sur l’organisation et les relations de travail plutôt que de se contenter de dispositifs sanitaires.

Prévention des RPS : pistes et bonnes pratiques

  1. Diagnostic régulier
    • Enquêtes de climat et de qualité de vie au travail (QVT)
    • Indicateurs RH (absentéisme, turn‑over, signalements)
  2. Amélioration de l’organisation
    • Clarification des rôles et responsabilités
    • Planification réaliste des objectifs
    • Ajustement des horaires et des temps de pause
  3. Renforcement du soutien
    • Formation des managers à l’écoute active
    • Mise en place de binômes ou de tutorats
    • Sessions de co-développement et de retour d’expérience
  4. Développement de l’autonomie
    • Participation des salariés aux décisions
    • Flexibilité dans les méthodes de travail
    • Coaching sur la gestion du temps et des priorités
  5. Gestion des émotions et de la charge mentale
    • Ateliers de gestion du stress (Pleine conscience, sophrologie)
    • Espaces de décompression (salles de repos, activités sportives)
    • Politique de droit à la déconnexion
  6. Suivi médico‑social
    • Bilans réguliers (santé, poste de travail)
    • Accompagnement des collaborateurs en difficulté
    • Collaboration médecin du travail / RH pour plans d’action ciblés

En combinant ces leviers — organisationnels, relationnels et individuels — l’entreprise limite les expositions à haut risque et renforce la résilience de ses équipes.

Le rôle clé de votre agence d’emploi

En tant qu’agence d’emploi, nous intervenons à plusieurs niveaux pour soutenir vos démarches :

  • Recrutement sur mesure : sélection de profils adaptés 
  • Conseil en aménagement de poste : propositions de modalités de travail flexibles (télétravail, horaires modulables).
  • Formations et ateliers : sensibilisation aux RPS, management bienveillant, communication non violente.
  • Suivi personnalisé : bilans à 3 et 6 mois pour évaluer la QVT (qualité de vie au travail) et anticiper les risques.

Notre expertise permet d’anticiper les situations de polyexposition (psychosocial + physique/chimique), en concertation avec les services de santé au travail et les organismes de prévention.

Conclusion

Les risques psychosociaux impactent de manière avérée la santé des salariés, du mal‑être mental aux pathologies cardiovasculaires ou musculosquelettiques. Une politique de prévention intégrée, fondée sur un diagnostic précis et l’engagement de tous les acteurs, est essentielle.
Pour accompagner efficacement nos clients et préserver la qualité de vie au travail, nos agences d’emploi mettent à leur  disposition des solutions complètes : recrutement ciblé, conseils organisationnels, formations RPS et suivi continu. Ensemble, nous construisons des environnements de travail sains, productifs et durables.

FAQ

Q : ​​Comment identifier les principaux facteurs de RPS dans mon entreprise ?

R : Pour repérer les facteurs de tension, misez sur une démarche multi source : commencez par des enquêtes de climat et des questionnaires anonymes afin de saisir la perception globale des collaborateurs. Faites parallèlement des entretiens individuels et des groupes de discussion avec managers et équipes pour approfondir les zones de malaise identifiées. Enfin, examinez les indicateurs RH (absentéisme, turn‑over, signalements, accidents du travail) pour valider et quantifier les signaux d’alerte. En croisant ces trois approches, vous pourrez cartographier précisément les sources de mal‑être selon la typologie de Gollac & Bodier (intensité du travail, relations sociales, exigences émotionnelles, etc.).

Q : À quelle fréquence réaliser un diagnostic RPS ?

R : Un audit annuel fournit un état des lieux complet de votre qualité de vie au travail et permet de mesurer l’évolution d’une année sur l’autre. Pour les indicateurs les plus sensibles (absentéisme, burn‑out, conflits), un suivi plus rapproché, tous les six mois voire trimestriel, s’avère pertinent afin de détecter rapidement les dérives et d’ajuster les actions correctrices. Enfin, chaque réorganisation majeure, fusion, refonte des process ou changement de direction, justifie un diagnostic ad hoc pour anticiper l’impact sur le moral et la santé de vos collaborateurs.

Q : Quels indicateurs suivre pour mesurer l’efficacité des actions de prévention ?

R : L’évolution du taux d’absentéisme et du turn‑over constitue un premier révélateur : leur diminution suggère souvent un climat plus apaisé. Le taux de participation aux formations et ateliers RPS révèle quant à lui l’engagement des équipes dans la dynamique de prévention. Les sondages de satisfaction post‑action permettent de juger de l’utilité perçue des mesures mises en place, tandis que les indicateurs de santé, nombre de visites au médecin du travail, signalements psychosociaux ou bilans de santé réguliers, renseignent sur l’impact concret des actions sur le bien‑être physique et mental des salariés.

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